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A propos de Liturgiam Authenticam

Répondant au souhait de Saint Jean-Paul II que les traductions liturgiques approuvées ad interim soient révisées, la Congrégation pour le Culte Divin a publié, sur ordre de ce saint Pape, une instruction pour définir les règles auxquelles doivent obéir toutes les traductions liturgiques. On trouvera ci-après quelques remarques utiles pour éclairer notre démarche.

Chacun peut consulter l'instruction Liturgiam Authenticam sur le site du Vatican. On n'en retiendra ici que quelques aspects.

Il s'agit de la cinquième - et jusqu'à présent dernière - des instructions publiées par la Congrégation pour le Culte Divin "pour la correcte application de la Constitution sur la Sainte Liturgie du Concile Vatican II". On doit pas en sous-estimer l'importance normative.

Après des indications générales, une première partie traite du choix des langues vernaculaires en vue de leur introduction dans la liturgie.

La deuxième partie est celle qui concerne le plus notre démarche, car elle traite de la traduction des textes liturgiques dans les langues vernaculaires. Il y est d'abord question de la dignité des textes liturgiques, on y reprend une idée fondamentale : "C’est par ces paroles que Dieu s’entretient avec l’Epouse de son Fils bien-aimé, que l’Esprit Saint introduit les fidèles dans la connaissance de la vérité tout entière, et fait que la parole du Christ réside en eux avec toute sa richesse, et aussi que l’Eglise transmet sans cesse tout ce qu’elle est, et tout ce en quoi elle croit, en adressant les prières de tous les fidèles à Dieu le Père par le Christ et dans l’Esprit Saint." de cette idée on déduira, bien sûr, que les traductions doivent être aussi fidèles que possible : "Il est nécessaire que le texte original ou primitif soit, autant que possible, traduit intégralement et très précisément, c’est-à-dire sans omission ni ajout, par rapport au contenu, ni en introduisant des paraphrases ou des gloses; il importe que toute adaptation au caractère propre et au génie des diverses langues vernaculaires soit réalisée sobrement et avec prudence."

Suivent diverses considérations qui tendent à maintenir un juste équilibre entre le souci de la compréhension de tous et celui de la précision du texte ; entre la nécessaire adaptation au génie propre de chaque langue, et le caractère objectif de la liturgie de l'Eglise ; etc. Et puis, en particulier : "Il faut veiller à ce que dans les éditions en langue vernaculaire, soient conservés au moins quelques textes en langue latine, puisés en particulier dans l’inestimable trésor du chant grégorien, que l’Eglise reconnaît comme propre à la Liturgie romaine, et qui, toutes choses d’ailleurs égales, doit occuper la principale place dans les actions liturgiques." On trouve aussi traitée la difficile question des genres grammaticaux, avec des normes précises. On note enfin que "Les ouvrages, que l’on considère comme des “classiques” dans chacune des langues vernaculaires, peuvent être utiles pour fournir un modèle approprié quant aux mots et aux usages à employer."

On ne retiendra que peu de choses, pour notre propos, de ce qui est dit des textes scripturaires de la liturgie. Retenons que la Néo-Vulgate doit avoir un rôle normatif, par exemple pour les choix qu'elle opère entre les différentes variantes du texte sacré : souhaitons que ce soit bientôt le cas pour la traduction française des psaumes ! Une liste de termes concrets à rendre d'aussi près que possible est fournie ; une attention spéciale est portée aux mots "âme" et "esprit".

Pour les textes liturgiques non scripturaires, donc ceux du missel,  des dispositions analogues doivent être transposées des normes concernant les textes scripturaires. La vraie prière liturgique ne doit pas seulement être conforme à la culture, elle doit aussi être normative pour cette culture, elle doit concourir à la christianiser. Puis on parle là encore du vocabulaire particulier ; retenons ici qu'à nouveau est proposée une liste de termes précis dont la traduction doit respecter la variété : un exemple est donné par les mots latins anima, animus, cor, mens et spiritus. Qu'on nous permette de déplorer que dans la version actuelle de la prière "Seigneur, je ne suis pas digne...", dite avant la communion, le mot âme ait été remplacé par le pronom "je" alors que le contexte montre clairement que l'Eglise a choisi le mot "anima" intentionnellement. L'instruction, qu'il faudrait citer longuement, mentionne le mot "consubstantialis" ou encore l'expression "mea culpa, mea culpa, mea maxima culpa" : on saisi que c'est avec raison qu'une grogne s'est développée à ces sujets. Après le vocabulaire, on trouve détaillés des points comme la syntaxe, le style et le genre littéraire. De ces normes on déduit que sont à déplorer certains passages de notre traduction actuelle, comme cette belle clausule du canon romain : "hostiam puram, hostiam sanctam, hostiam immaculatam, panem sanctum vitae aeternae et calicem salutis perpetuae", rendu platement par "le sacrifice pur et saint, le sacrifice parfait, pain de la vie éternelle et coupe du salut" - et l'on voit que dans ce membre de phrase en français, non seulement le style mais aussi le sens théologique ont été malmenés : c'est une tendance assez générale du traducteur de rabaisser les termes relatifs au sacrifice.

Suivent alors des normes pour des genres particuliers, comme les prières eucharistiques, la profession de foi,  et même les praenotanda, les rubriques et les textes juridiques ! Il est spécifié que même la présentation d'un livre liturgique doit respecter celle de l'original latin.

Les parties suivantes de l'instruction, sur la préparation des traductions et l'établissement des commissions, ou la publication des livres liturgiques, et aussi la traduction des textes liturgiques propres (par exemple les propres diocésains), sont très techniques et ne touchent que de très loin au propos de ce blog.

De la conclusion, nous retiendrons ceci, qui illustre le bien fondé de notre démarche : "De plus, les normes établies par la présente Instruction sont valides pour la correction des traductions déjà réalisées. Il faudra veiller à ce que les corrections de ce genre ne tardent pas trop. On espère que ce nouvel effort puisse donner lieu à une nouvelle stabilité dans la vie de l’Eglise, et contribue à poser des fondements solides pour la vie liturgique du Peuple de Dieu et le renouveau de la catéchèse."

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