En bref
Un confrère qui a signé notre lettre parmi les premiers nous propose ce texte qui ne se veut pas exhaustif et s’inspire de l’étude des chevaliers de Note Dame sur les traductions de l’ordo missae. Il relève quelques tendances fautives, voire quelques fautes, des actuelles traductions.
1) Majestas est systématiquement supprimé. Il est remplacé par « grandeur» dans trois préfaces. Il est conservé une fois dans la prière eucharistique I.
Le mot « daigne », qui exprime la disproportion entre Dieu et sa créature est remplacé par vouloir ou bien est supprimé ; c’est le cas dans la deuxième préface du temps « ordinaire » : on lit « il a voulu naître d’une femme, la Vierge Marie », au lieu de « Il a daigné naître de la Vierge » qui serait conforme au texte latin.
2) La critique judicieuse de l’Abbé Carmignac au sujet du Notre Père est absolument ignorée par le traducteur.
3) Au Sanctus, l’expression hébraïque « Yahvé Tsabaoth » (Deus Sabaoth dans le texte latin) est traduite par « Dieu de l’Univers » au lieu de « Dieu des Armées du Ciel ».
4) On semble mériter une accusation de polythéisme, déjà faite par les ariens, quand on dit dans le credo « de même nature que le Père » au lieu de « consubstantiel au Père ». Aujourd'hui cette critique nous est faite par les musulmans.
5) Pour exprimer le sacrifice présent, comme dans les liturgies orientales, on parle en latin de la victime, hostia. En français on préfère systématiquement « le sacrifice », plus vaguement.
6) Dans les oraisons sur les offrandes, les oblats pour le sacrifice sont confondus avec une offrande en général, celle apportée par les fidèles plus large que les oblats mis à part.
7) Le mot mysteria (les mystères) est supprimé. Par contre on trouve le mot mystère dans divers cas. Dans les siècles chrétiens on disait « les saints mystères » pour l’Eucharistie.
8) Le Cardinal Sarah a fait dans Famille Chrétienne une traduction exacte de l’Orate fratres, où apparaît la distinction entre le sacerdoce des prêtres et celui des laïcs. Cette distinction est souvent estompée.
9) On a fait disparaître « Marie toujours Vierge » qui existe dans le Confiteor. Dans la deuxième préface de l’Avent, « Mère » a disparu de l’expression « Vierge Mère ».
10) Dans l’embolisme du Pater l’expression « tandis que nous attendons l’espérance bienheureuse et l’avènement de notre Sauveur Jésus-Christ » devient « en cette vie où nous espérons le bonheur que tu promets et l’avènement de Jésus-Christ, notre Sauveur. » Cette traduction peut être interprétée comme si Dieu nous promettait le bonheur en cette vie, alors que le texte latin vise l’espérance de la venue du Christ.
11) Au memento des défunts de la seconde prière eucharistique, le texte latin nous fait prier ainsi : « Souviens-Toi aussi… et de tous ceux qui sont morts dans ta compassion », ce qui devient dans le texte français officiel « Souviens-toi aussi… et de tous les hommes qui ont quitté cette vie », comme si l’on mourait automatiquement dans la compassion de Dieu, dont de toute façon on n’aime pas parler.
12) Caritas, la charité, disparaît au profit du mot « amour ».
13) Toutes les postcommunions sont à retraduire.
Puissent les non-latinistes se procurer une traduction fidèle des prières eucharistiques et des préfaces, comme celle des chevaliers de Notre Dame, pour se faire une idée exacte.
Commentaires
Au cours de mon ordination sacerdotale plus de 8 langues ont été utilisées pendant la cérémonie (rassemblant des intervenants de tous les coins du globe). Dans la semaine qui a suivie, j'ai célébré mes "premières Messes" dans 5 langues successivement : c'est insupportable de célébrer le même mystère universel en "racontant" à chaque fois des choses différentes !!! Quand plusieurs mois après j'ai célébré en France mes "premières Messes", je n'avais pas l'impression de célébrer les mêmes choses ! J'avoue qu'aujourd'hui encore, je glisse quelques mots ici ou là que les fideles les plus attentifs ne sont pas habitués à entendre, tout simplement parce que ce sont les mots d'origines et qu'ils me permettent de célébrer le même mystère que tous mes frères prêtres du monde...
Merci cher Confrère, pour votre témoignage. On peut d'ailleurs faire le même genre de remarques du point de vue des fidèles. Par exemple en Afrique, il y a des paroisses où l'on célèbre des messes successivement en plusieurs langues. Pour que les fidèles s'y retrouvent il importe que les traductions soient extrêmement précises.